Colloque

Ouverture par Thierry Bouchard, Président de l’Observatoire API-PL :

 

Mesdames, Messieurs,

Depuis quelques jours, on me pose la question : pourquoi l’Observatoire des professions libérales organise-t-il ce colloque ?

Pour répondre, j’ai envie de citer Montaigne à propos de son amitié pour La Boétie : “Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui, parce que c’était moi”.

J’ai donc envie de répondre : parce que c’était nous – des professionnels libéraux qui partagent une certaine vision de la solidarité -, parce que ce sujet – la solidarité – est malheureusement toujours dans l’actualité.

Je dois revenir un peu sur l’action de l’Observatoire. Il s’agit d’une initiative indépendante. Nous avons 3 ans. L’idée de l’Observatoire a en effet germé en début d’année 1999 : inciter les professionnels libéraux à utiliser internet. Nous étions dans le contexte de toutes les questions concernant internet : à quoi ça sert ? est-ce que j’en ai besoin ? qu’est-ce que cela va m’apporter ?

Nous sommes donc allés à la rencontre des professions libérales, partout en France, puisque nous avons réalisé un tour de France, en 2000, en 13 étapes. Ce tour de France a d’ailleurs été lancé ici à Toulouse, à l’Hôtel de la Région et au Capitole. Il s’est achevé par un colloque au Sénat, en novembre 2000. Ce tour de France était parrainé par Jean-Pierre RAFFARIN, président de l’association des Régions de France et par Jean-Pierre SUEUR, président de l’association des Maires des Grandes Villes.

Nous avons rencontré et écouté ces professionnels qui sont au cœur même de la vie des villes et des villages. Le sujet a d’ailleurs été évoqué lors de notre colloque au Sénat : Pierre BONTE était là pour en parler. Vous êtes un particulier, vous allez voir votre médecin ou votre dentiste – ce sont des professionnels libéraux -, vous ne payez pas vos factures, alors cette fois, c’est l’huissier qui vient vous voir – c’est un professionnel libéral -… Vous regardez à la télévision des mannequins, des sportifs, des artistes… Certains sont des professionnels libéraux ! Vous êtes chef d’entreprise, vous avez l’obligation de réaliser certaines démarches avec un avocat et un expert-comptable… Ce sont tous des professionnels libéraux.

Utiliser internet est donc essentiel à l’heure de l’optimisation des services des entreprises et de l’Etat. Avec des vitesses différentes suivant les régions et suivant les pays.

L’observatoire s’est donc intéressé aux initiatives étrangères : rien que cette année 2001, nous sommes allés au Sénégal, au Maroc et en Malaisie… Nous devions aller aux Etats-Unis… Seulement, ce 11 septembre, notre délégation étant dans un avion, au dessus de l’Atlantique, à destination de Los Angeles, nous avons rebroussé chemin. Cette mission “Nouvelle Economie” était d’ailleurs parrainée par Christian PIERRET, secrétaire d’Etat à l’Industrie… Et certains membres de notre délégation seront parmi avec aujourd’hui : Jacques GODFRAIN, Gérard BAPT, Bertrand SERP qui représentait la ville de Toulouse et son maire Philippe DOUSTE-BLAZY…

Il est essentiel de s’intéresser à ce qui se passe à l’étranger pour apprendre, découvrir les initiatives : s’inspirer des bonnes et éviter les moins bonnes.

Alors pourquoi nous nous intéressons aujourd’hui à la solidarité et aux actions internationales ?

Ce n’est pas aujourd’hui que cet intérêt à débuté mais c’est dès la création de l’Observatoire et à la mise en place de sa vice-présidence.

Le colloque d’aujourd’hui est inscrit au calendrier de l’Année internationale des Volontaires des Nations Unies depuis le 7 mai 2001 sur le thème générique de l’internet et de l’humanitaire, et plus précisément sur les relations nord-sud des professions libérales, la place d’internet dans l’humanitaire et internet outil de solidarité, avec pour lieu Toulouse.

Depuis cette date, nous avons été confortés au moins à 2 reprises dans le choix de notre lieu et de notre sujet.

Tout d’abord, la catastrophe du 21 septembre, à Toulouse. Je suis doublement touché. D’une part, parce que je réside à Toulouse et que j’étais dans la ville rose ce jour. Et d’autre part parce que le siège de l’Observatoire – bien que national – est à Toulouse.

Ensuite, la date du 20 novembre 2001 est aussi à remarquer : Kofi ANNAN, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a lancé un groupe de travail sur le rôle des nouvelles technologies dans la lutte contre la pauvreté dans le monde.

Les intervenants de ce jour sont en plein dans l’actualité par le lieu et par la date.

Aujourd’hui, je ne vois ici que des femmes et des hommes de bonne volonté. “Il n’y a pas de plaisir comparable à celui de rencontrer un vieil ami, excepté peut-être celui de s’en faire un nouveau” a écrit Rudyard KIPLING.

Alors, mes amis, je vous souhaite à nouveau la bienvenue. A vous tous, au delà des fonctions et des titres

Je vais pourtant me contredire à l’intant même : dans d’autres circonstances plus administratives, pour démontrer notre intérêt pour cette action solidaire et humanitaire, la vice-présidence de notre Observatoire porte la désignation “vice-présidence à l’action solidaire”. Elle a été confiée au Dr Philippe CHARTIER, médecin à Poitiers et également président de la Conférence régionale la Ligue contre le cancer (Poitou-Charentes) et vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Poitiers. Il ne s’agit pas d’une commission ou d’un groupe de travail : c’est l’ensemble de nos travaux qui doivent avoir pour fil conducteur cette écoute de l’autre, ici en France et ailleurs à l’étranger. Pour renforcer cette démarche, nous avons confié à Me Gérard SABATER, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats à Draguignan, la présidence de notre Commission Ethique pour avoir une vision transversale des déontologies des différentes professions en France et à l’étranger.

Les professionnels libéraux ont toujours été à la pointe de l’humanitaire : prenez pour exemple les médecins… Je fais allusion à Médecins sans Frontières et à Médecins du Monde… Le Dr Philippe CHARTIER est également impliqué dans ces démarches puisqu’il offre régulièrement du matériel médical dans des pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie..

D’autres professions libérales s’intéressent à la solidarité : les avocats, par exemple. Me SABATER évoquera notamment les actions qu’il poursuit avec les avocats de Madagascar…

Les professionnels libéraux qui s’exprimerons aujourd’hui le feront à titre individuel et non pas au nom de leur Ordre. Nous avons en effet le plaisir d’avoir parmi nous des médecins, des avocats, des architectes, des géomètres, des pharmaciens, des experts-comptables… des paysans… Ce ne sont pas des professionnels libéraux… quoique dans l’esprit, ils ne sont pas bien éloignés : ce sont des personnes non-salariées qui ne comptent pas leur temps… Il y a donc aussi des représentants de Paysans sans Frontières…

Les plus jeunes et les plus anciens témoigneront et parleront de leurs expériences.

Nous avons tous la même optique, bien évidemment nous n’en avons pas le monopole : il ne s’agit que d’une fibre… Nous la partageons avec d’autres structures qui ne sont pas toujours mises en avant, soit par la presse – peut être parce que leurs actions sont moins spectaculaires aux heures de grande audience… – soit parce que leur mode de fonctionnement diffère de celui des grosses structures humanitaires – qui n’ont d’ailleurs pas besoin du colloque d’aujourd’hui pour assurer leur promotion : leurs budgets sont de plusieurs dizaines de millions de francs avec des contraintes de rentabilité, de frais fixes à couvrir… tout un langage qui peut parfois s’éloigner des besoins du terrain… -. Les témoins d’aujourd’hui sont plus modestes et plus discrets : on peut être efficace et agir discrètement, non pas en secret, mais avec discrétion. Le don ne doit pas s’effectuer dans une logique d’image mais bien en acte individuel et spontané.

L’Observatoire a décidé de soutenir ces actions. Nous en reparlerons au cours de cette journée.

“Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que lui donner un poisson” aurait dit Confucius… Nous réfléchirons donc aux démarches en matière d’éducation et de formation…

J’évoquais à l’instant les “grandes structures de l’humanitaire”. Elles sont nécessaires, c’est évident. Mais elles n’ont pas le même mode de fonctionnement… Les grosses opérations ont besoin de logistique, de moyens… Bien évidemment, personne n’a la certitude que Confucius aurait dit cela – on lui prête tellement de sagesse et de bonnes formules… -. Par contre, c’est sûr, une société qui s’intéresse aux micro-crédits dans les pays en voie de développement a écrit : “Certes, mais à quoi sert de savoir pêcher si on n’a pas les moyens d’acheter une barque, un filet ou une canne à pêche ?”

Sincèrement, je préférerais donner aussi la barque, le filet et la canne à pêche plutôt que de les vendre… L’internethon permet de faire cela… Nous en reparlerons aujourd’hui. Mais attention aux cadeaux empoisonnés…

Certains feront le lien avec le commerce équitable…

La journée va donc s’articuler ainsi :

Après les interventions d’accueil et de soutien des institutions – j’ai demandé à Françoise de VEYRINAS d’évoquer la solidarité de proximité… Il y a des besoins à 1000 km, certes, mais également à 100 mètres d’ici-même -, j’ai demandé aussi au député Gérard BAPT d’intervenir -.

Nous écouterons ensuite quelques experts en matière d’utilisation d’internet dans l’environnement humanitaire. Internet doit être une facilité et non pas une contrainte.

M. Bernard GUITARD DE BELBERAUD parlera au nom de tous les présidents et présidentes des clubs service de la région toulousaine qui seront tous présents aujourd’hui : l’inner-wheel, les kiwanis, les Lions, le Rotary, les Soroptimist et le Zonta…

C’est vrai qu’aujourd’hui on parlera beaucoup… mais on écoutera encore plus….

Viendra donc ensuite le temps d’écouter les témoignages des pays. Nous avons la chance d’avoir la visite de délégations étrangères – tout au moins celles qui ont pu obtenir un visa… je dois en effet dire qu’une délégation africaine a attiré notre attention sur son impossibilité d’obtenir ce document à temps, le consulat étant fermé… -. Des associations évoqueront également leurs missions de terrain.

 

J’annoncerai ensuite les dotations de l’Observatoire.

Après la réception au Capitole, nous reprendrons nos travaux avec j’espère la même vigueur, à 14 h 30, pour notre conférence publique.

 

Deux tables rondes se dérouleront ensuite ici, simultanément, dans les salles de la Maison du Sénéchal mises à disposition par la Ville de Toulouse, dans cet amphithéâtre et dans une autre salle. Ces réunions sont réservées aux personnalités qualifiées et ne sont donc pas publiques.

Le colloque s’achèvera par les conclusions du Dr CHARTIER, de Gérard BAPT et de Jacques GODFRAIN.

Lorsque je dit que ce colloque s’achèvera, je ne veux parler que de cette journée. Nos travaux ne font que débuter et nous essayerons de les répandre à l’extérieur de ce lieu en soutenant des missions d’associations de solidarité et humanitaires, en diffusant les Actes – toutes les interventions seront en effet enregistrées – et en organisant notre propre mission au Cambodge. La date est déjà fixée : nous serons notamment à Phnom Penh du 17 au 24 avril 2002.

Les trois maîtres-mot de cette journée seront donc bien : internet, solidarité, humanitaire. En y réfléchissant bien, nous toucherons des points essentiels de la devise : liberté, égalité, fraternité.

Je vous souhaite, je nous souhaite, une bonne journée de travail.

Dotations de l’Observatoire API-PL :

10 dossiers ont été reçus dont 3 hors délais, le dernier étant parvenu ce vendredi 7 décembre.

L’Observatoire n’est donc pas en mesure de présenter aujourd’hui une sélection des 10 meilleurs dossiers et ne peut que regretter ce faible nombre.

Néanmoins, afin de ne pas trop pénaliser les associations, l’Observatoire a décidé, à titre exceptionnel, de soutenir ces initiatives. Certes, dans une moindre mesure. Les trois dotations prévues (3000, 1500 et 500 euros) ne sont donc pas attribuées cette année.

Aussi, l’Observatoire a le plaisir d’annoncer que les 10 dossiers :

Aide Médicale et Développement, de Grenoble (38)
Agriculteurs Français et Développement International, d’Albi (81)
Essor, de Castanet-Tolosan (31)
Géomètres Sans Frontières, de Bourges (18)
Organisation Internationale pour la Coopération et le Développement, de Toulouse (31)
Pharmaciens Sans Frontières, de Gaillac (81)
Rotary Club Jacobins-Toulouse (31)
Santé Sud, de Marseille (13)
Solidarinet, du Perreux-sur-Marne (94)
Solidarité, de Gaillac (81)

se voient offrir un appareil photo numérique.

La remise officielle s’effectuera à Paris, le 28 mars 2002, dans le cadre de l’Espace International de la Semaine Européenne des Technologies de l’Information dont l’Observatoire API-PL est partenaire.

 

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